Historique
Nous vivons depuis plus de 20 ans avec des applications mobiles autour de nous. Chaque jour nous acceptons lors d’un téléchargement des règlements sans prendre le temps de les lire dans leur intégralité. On préfère profiter des services gratuits qui y sont associés. Si vous inventoriez les apps sur votre mobile, entre celles que vous payées ou non, le 2ème ensemble sera certainement le plus conséquent. On a donc des données personnelles engrangées par ces applications et très souvent revendues ou analysées avec des tiers même si cela est peut-être mentionné dans la petite clause en bas du contrat du téléchargement. Aujourd’hui après des questionnements sur cette situation c’est une loi qui vient régir les conditions d’utilisation de ces données personnelles, la GDPR.
Le changement légal
Il s’avère qu’au-delà des méthodologies et outils qui vont être nécessaires aux sociétés pour respecter cette loi, le fait de gouverner la confidentialité de ces données est une nouveauté. Depuis plusieurs années, et démultiplié ces derniers temps avec le développement du Big Data et le machine learning, l’objectif est d’extraire une valeur d’utilité pour les clients finaux et de rentabilité pour les possédants de la data. Aujourd’hui doit être ajouté des notions de consentements de renoncements et de lisibilité. Ces suppléments d’âmes dans l’analytique importent que l’on doive définir en quoi ces actions sont bénéfiques pour le client. En quoi cette nouvelle valeur va pouvoir améliorer la relation client mais également bien entendu en quoi ces données personnelles sont mises en danger. Etes-vous prêt à expliquer toutes vos stratégies marketing? Non alors bienvenu dans le monde des données confidentielles.
Notre relation avec la confidentialité digitale
On obtient 2 risques majeurs vu du client :
- On utilise mes données pour des raisons que je ne partage pas
- On met mes données en péril en les exposant à des tiers voir par négligence dans le domaine publique, la toile !
On tient là une occasion unique de réconcilier les personnes avec l’intelligence artificielle.
Combien de fois avez-vous entendu dans votre entourage des plaintes concernant cette sensation d’être traqué, observé ? L’exemple le plus flagrant est généralement les publicités ciblées. Personnellement je préfère visionner des publicités digitales que manquer un virage par saturation de messages en pleine nature. D’ailleurs ces affichages sont désormais réglementés et on ne peut que s’en réjouir.
Au regard de la confidentialité des données, nos jeunes ont souvent des vues différentes des nôtres. Partageant en permanence des moments de vies privées, affichant fièrement l’appartenance à tel ou tel mouvement de pensée, les moins de 20 ans ne positionnent pas la confidentialité au même niveau que leur parent. Sont-ils drogués des services mobiles et conscient qu’un retour de manivelle est logique ? Non ce sont des consommateurs. Hier on se différenciait par la marque de sa voiture dans le jardin alors qu’aujourd’hui c’est au nombre de « Likes » sur votre profil du dernier réseau social à la mode. Mais ils ont acquis dès leur début digital la multi-identité. Un pseudo et une histoire associé à chaque profil. Il s’agit là d’une gestion de confidentialité.
Ce qui restera sur le web à leur vie adulte ne les importe peu et ils ont raison. Lorsque j’étais étudiant on me sensibilisait sur les photos laissées sur internet qui pourrait s’avérer gênante lors d’un futur recrutement. Aujourd’hui les algorithmes des ressources humaines qualifieraient cela de point bonus reconnaissant ainsi une personne à l’aise avec son image digitale 😉
Ces données sont bien là et même si un mouvement de rejet se fait entendre elles ne vont pas diminuer ni s’amoindrir. Toutefois elles sont aujourd’hui réglementées par différents textes dans différentes parties du globe.
« Data Driven » et « Data Privacy »
Le « Data Driven » ne s’arrêtera pas et ne doit pas s’arrêter car il est source de nombreux services business mais également sociaux. Anticiper un besoin ou un risque permet d’apporter une meilleure prestation au client final et nos comportements montrent que l’on s’y fait très bien.

Maintenant afin de mener un projet d’analyse nous n’avons pas forcément besoin d’une image parfaite et exacte de la réalité. On doit pouvoir regrouper des tendances pour donner de la valeur aux données au-delà de leurs valeurs intrinsèques. J’ai besoin de savoir que si mon client subit tel évènement et a telle caractéristique, j’ai intérêt à lui proposer tel service. Si 2 de mes clients ont le même attribut X, je dois transmettre cette information aux analystes mais la valeur de leur modèle ne sera en rien perturbé si je leur transmets cette information sous la forme « attribut Y » et non X. Bien entendu je dois être en mesure de pousser une valeur Y consistante. Cela signifie qu’à chaque fois que la valeur X se présentera je la traduirais toujours avec la valeur Y.
Aujourd’hui face à la pression juridique on se concentre sur la protection de l’identité des personnes. Les attributs concernés seront donc les noms, adresses, téléphones, … etc… .
Pour toutes ces informations on se contente aujourd’hui trop souvent de ne seulement appliquer des algorithmes de chiffrement. On remplace la valeur d’origine par une méthode de « hashing », le remplacement par une constante ou tout simplement une suppression pure et simple.
Et bien il y a du nouveau !
Tout d’abord en ce qui vous concerne. Finalement votre richesse intérieure n’est peut pas aussi normale que cela. Avec vos goûts, vos habitudes, les lieux géographiques que vous parcourez, je sais peut-être qui vous êtes? J’entends par là à quelle cible je dois envoyer quel message. Vous connaître intimement est bien entendu un autre sujet.
Aujourd’hui il existe des outils proposant une ergonomie adaptée aux rôles métiers « DPO » (Délégué à la Protection des Données) ou « RSSI » (Responsable Sécurité des Systèmes d’Information). Ces acteurs et bien d’autres ont désormais une interface à partager avec les « DSI » (Direction des Systèmes d’Information). Chacun a la possibilité de créer et administrer des stratégies de confidentialité des données prêtes à être exécutées sur des plateformes standard de traitement des données déjà connus et maîtrisées par l’IT, les centres de « compute » (Hadoop, Stream, …).
Bienvenu dans la « Data Privacy ».
Les pseudos-identifiants
Et bien certes si on se contente de démocratiser les outils de chiffrement, on fait un pas, mais un pas insuffisant pour protéger réellement l’identité des personnes. Le risque afférent est celui du croisement des fichiers. Vous me transmettez un fichier dit « confidentiel » mais en croisant son contenu avec d’autres informations que je possède ou auquel j’ai accès, je suis en mesure de découvrir l’identité des personnes contenues dans le fichier soi-disant « confidentiel ».
Vous devez donc désormais être en mesure de gérer les « pseudo-identifiants ».
Il est courant d’indiquer qu’avec votre date de naissance, votre code postal et votre genre, si vous êtes majeur et résident aux USA, un « tracker » peut vous identifier dans 80% des cas. La raison est la disponibilité publique des listes électorales aux USA dans lesquelles le nom-prénom est associé avec les 3 pseudo-identifiants ci-dessus évoqué. Bien entendu cela peut être le cas dans de nombreuses autres situations.
D’un point de vue analytique, ces pseudo-identifiants sont ce que l’on nomme les dimensions d’analyse en BI. Dans un contexte de Data Privacy vous devez donc veiller à ce qu’un enregistrement ne soit pas trop exotique et ne possède pas une combinaison de clefs trop rare.
« Ah mais bien sûr, je le reconnais c’est Jacques il habite là et a exactement ces caractéristiques ! »
Bienvenue dans la « k-anonymity ». Cette règle de protection de la confidentialité assure que pour chaque combinaison de clefs, votre jeu de données contient au moins « k » enregistrements.
Quoi de neuf pour l’analytique ?
Et bien pas de panique les feux sont toujours au vert. Les principaux textes réglementaires indiquent qu’à partir du moment où vous travailler avec des données anonymisées vous n’êtes plus soumis à la réglementation. Même si des interprétations distinctes demeurent quand on parle de « pseudo-anonymisation » (il existe un moyen de re-identifier les données), le « Data Driven » n’est pas remis en cause.
Il reste à être en mesure de rendre les données anonymes et quand le faire ? A l’entrée du Data Lake dans le processus d’ingestion ou seulement lorsque vous faites des extractions vers des tiers ?
Ce domaine reste neuf mais fort de la réglementation on peut être assuré qu’il va évoluer rapidement.
Le Datawahouse était une base distincte ne réalisant aucune action « transactionnelle » avec le client. On s’en servait pour connaitre les données et prendre de bonne décision. Aujourd’hui ce n’est plus le cas et les plateformes analytiques sont couplées avec de véritable processus digitaux commerciaux dénommés « Data Driven ».
Demain on ne recueillera pas le consentement du client en lui expliquant que l’analyse de SES données vont permettre de réaliser des ventes envers lui ou d’autres. On peut en déduire que pour rester innovant on se devra de travailler sur des données pseudo-anonymisées. Cela conduit vers une architecture dans laquelle la confidentialité des données sera gérée à l’entrée des entrepôts analytiques. Mais la privatisation des données a besoin de données propres et qualifiées.
On trouve alors l’équation : 1-DataIngestion + 2-DataQuality = 3-DataPrivacy.
Conclusion
Le Big Data a été et est un mouvement fort. Je reste trop souvent surpris devant le peu de déploiement français en production. Au delà des technologies impliquées les fonctions de digitalisation apportées sont majeures et inévitables. Ceux qui ne prennent pas le virage risquent de se faire accaparer leur marché par de nouveaux acteurs qui collectent et utilisent les données.
Néanmoins il est réconfortant que la Data Privacy rentre dans la danse. Cela apporte de la confiance aux acteurs doutant de la légalité de certains processus. Ces acteurs sont aussi bien des entrepreneurs prudents que des clients/utilisateurs finaux qui ne veulent plus se faire voler la valeur de leurs données. Sans compter que de nombreuses « data-agency » sont de la partie et qu’il est grand temps que vous soyez confiant dans vos échanges car il est fort de constater que les alliances sont courantes dans le mouvement de l’analytique.
Pour cela il existe aujourd’hui des outils performants de « Data Privacy ». Très prochainement ces outils pourront également s’intégrer dans vos outils de reportings « query » et ainsi s’assurer que vos règles de privatisation des données s’appliqueront également en temps réels aux utilisateurs de requêtes.